Vérité scientifique

Qu’est-ce qu’une vérité scientifique ?

         

          Dans l’expression « vérité scientifique », l’adjectif se présente comme une spécification du substantif, lequel est alors supposé s’étendre à d’autres vérités. L’identification de celles-ci pose pourtant un problème : comment est-elle possible sans qu’on sache qu’elles sont vraies, et, si on le sait, en quoi ne sont-elles pas objets de science ? Or s’il est vrai que la vérité se confond avec la science, on peut se demander de quelle science relève cette proposition supposée vraie, car elle semble ne relever d’aucune des disciplines considérées comme telles.

 

 

I. La science comme démonstration

 

A. La science comme forme de savoir.

a. La vérité est la relation de conformité entre une pensée exprimée par un discours propositionnel et la réalité qu’il énonce. La proposition minimale ou « catégorique » – telle  « Le petit chat est mort » – réunit, comme sujet et prédicat, des termes qui, pris à part, ont un sens intelligible, mais ne disent rien de vrai ni de faux. L’expression « une vérité » désigne toute proposition vraie.

b. La vérité peut qualifier : 1/une opinion, comme telle douteuse, implicitement sinon consciemment (on craint ou on peut craindre que le contraire ne soit vrai) ; 2/un savoir, jugement caractérisé par la double certitude qu’il en est bien ainsi, et qu’on ne fait pas que le croire (absence de crainte qu’il en soit autrement). L’expérience de l’erreur (on se croyait dans le vrai, mais ce n’était pas le cas) n’infirme pas, mais confirme l’existence du savoir.

c. Le savoir peut porter : 1/sur une vérité de fait, singulière ou générale, éventuellement contingente (« je me suis brûlé » ; « le feu brûle ») ; 2/sur une vérité de raison, énoncé intelligible sur un mode universel : règles techniques d’abord (par ex. de l’usage du levier), puis explications théoriques (par ex. de l’éclipse). Lorsqu’une proposition vraie est « accompagnée de raison » (Platon, Théétète), elle cesse d’être une opinion ou une simple vérité de fait pour devenir un objet de science.

 

B. La vérité scientifique comme proposition démontrable (Aristote).

a. Rendre raison, c’est faire d’une proposition la conclusion d’un syllogisme, discours dans lequel les prémisses sont la cause suffisante pour la faire connaître, parce que leur vérité implique la sienne. Avoir la science d’une vérité, c’est savoir pourquoi elle est vraie, et que, pour autant, elle ne peut pas ne pas l’être : une vérité scientifique est une proposition connue comme nécessairement vraie, moyennant l’universalité du moyen terme dans les prémisses.

b. Un syllogisme ne procure la science de sa conclusion que si l’on est sûr de la vérité de ses prémisses : il s’agit alors d’une démonstration. Celle-ci se fonde avant tout sur la définition des choses dont elle traite, ainsi que sur les axiomes ou principes premiers que celle-ci permet de formuler (ex. : Un tout excède sa partie), et en dernière instance sur l’axiome des axiomes qu’est le principe de contradiction : Impossible qu’à la fois le même soit et ne soit pas. On sait par suite de science sûre ce qu’il y aurait contradiction à nier, eu égard à ce que l’on sait déjà.

c. Les mathématiques ont été la première discipline à pouvoir démontrer certaines conclusions, ou théorèmes, en substituant à l’observation empirique la déduction des propriétés impliquées dans la définition des diverses formes de la quantité abstraite (ex. : le théorème de Pythagore, la duplication du carré, l’incommensurabilité de la diagonale). Elles ont servi de modèle à l’invention de la Logique par Aristote, avant de prendre modèle sur celle-ci pour s’axiomatiser.

 

C. Limites de la mathesis.

a. La démonstration repose nécessairement sur de l’indémontrable, car s’il fallait tout démontrer, on irait à l’infini et il n’y aurait jamais de démonstration. On peut donc se demander si les points de départ de la démonstration ne sont pas en fait des présuppositions dont on se dispense de rendre compte, à seule fin de pouvoir en tirer rigoureusement des conséquences.

b. L’histoire des mathématiques – et notamment l’invention des géométries dites non-euclidiennes – a vérifié qu’un théorème n’est nécessairement vrai que relativement aux propositions non démontrées qui servent de points de départ à sa déduction. Il apparaît que certaines au moins de ces propositions ne sont que des postulats – tel celui d’Euclide sur l’existence et l’unicité de la parallèle –, et que la postulation du contraire n’entraîne pas de contradiction, mais seulement la déduction d’autres théorèmes. Le caractère démonstratif de celle-ci est dès lors mis en cause.

c. La mathématisation de la logique et l’invention de logiques plurivalentes (où une proposition peut être autre que vraie ou fausse) ont confirmé le caractère arbitraire de la constitution des corps d’axiomes nécessaires aux sciences dites formelles. Les vérités scientifiques que sont les théorèmes mathématiques sont des vérités formelles : il est vrai de dire qu’ils résultent de leurs prémisses à l’exclusion d’autres propositions, mais cette vérité sur leur déductibilité est toujours relative aux règles de déduction que l’on a posées axiomatiquement.

 

 

II. Logique et expérience

 

A. Le formalisme en question.

a. On peut se demander, comme Platon réfléchissant sur la géométrie, s’il n’y a pas un abus à parler de vérité formelle, dès lors qu’il ne suffit pas d’être cohérent pour être dans le vrai, et que les normes de la cohérence peuvent relever d’une convention arbitraire. Si les principes des mathématiques ne sont que des présuppositions arbitraires, elles peuvent former à l’esprit de rigueur, mais non prétendre à enseigner une vérité.

b. Contre la prétention des mathématiciens, les Sceptiques font valoir qu’en l’absence d’évidence – attestée par le désaccord des « dogmatiques » : ceux qui affirment (1er trope d’Agrippa) -, la preuve démonstrative ne peut échapper à la régression indéfinie (3e trope) qu’en s’accordant des hypothèses (4e trope), qui condamnent toutes leurs conclusions à être également hypothétiques, attestant ainsi la relativité de toutes les propositions énoncées au nom de la raison (5e trope).

c. Au XXème siècle, Gödel a donné, contre le « programme de Hilbert » d'une formalisation totale, une preuve mathématique de l’impossibilité d’une démonstration intégrale : toute théorie formelle donne lieu à des propositions vraies qui ne peuvent y être démontrées, attestant par des moyens empruntés à la science qu’il est impossible de réduire la vérité scientifique à ce qui est formellement démontrable.

 

B. Définition critique de la vérité scientifique (Kant).

a. La science ne peut se passer d’une forme logique pour établir des vérités qui ne soient pas seulement empiriques. Mais cette forme reste vide si elle ne reçoit pas un contenu qui ne peut venir que d’une intuition, c’est-à-dire d’un rapport immédiat à une réalité existante qui lui soit donnée à connaître. Si l’entendement ne produit par lui-même que des constructions formelles, seule la sensibilité peut lui offrir un tel donné. L’entendement ayant pour objets propres des universels non sensibles, il faut qu’il les tire de lui-même a priori, sans pouvoir se donner par là des objets d’intuition. Pour avoir un objet de connaissance, il doit appliquer ces principes à des données empiriques : il fait de celles-ci un phénomène en leur conférant des structures d’intelligibilité qui viennent de lui, et non pas des choses qui existant « en soi », indépendamment de lui.

b. Ce schéma s’applique selon Kant aux mathématiques – alors même qu’elles ont commencé par faire abstraction de toute forme de vérification empirique – si l’on admet qu’il y a en toute perception sensible une intuition pure qui appréhende les conditions formelles a priori de la perception : l’espace (présupposé à la conception géométrique des grandeurs) et le temps (impliqué dans le processus d’énumération). Kant en conclut que les mathématiques connaissent certaines vérités parce qu’elles procèdent par « construction de concepts » (nombres et grandeurs) dans l’intuition pure. Il en résulte qu’un objet de science ne peut être que spatio-temporel, et c’est ce qui distingue les mathématiques d’une logique purement formelle.

c. Ce qui est propre aux sciences de la nature, c’est qu’elles appliquent leurs concepts et leurs principes a priori  à l’intuition non seulement pure, mais empirique. L’objet d’une science naturelle est donc la synthèse d’un tel donné et des « connaissances a priori » fournies par l’entendement : seul ce dernier est capable d’analyser les phénomènes d’après le principe de causalité – lequel exclut que quoi que ce soit puisse arriver sans cause – ; mais seule l’expérience est capable de montrer ce qui est cause de quoi. Une vérité scientifique est dès lors un jugement qui « subsume une intuition sous un concept », c’est-à-dire qui fait rentrer un objet d’intuition sensible toujours singulier dans l’universalité d’un concept qui ne peut, s’il est un véritable universel, provenir que de l’entendement.

 

C. Du criticisme au positivisme.

a. Le criticisme s’est heurté à l’histoire ultérieure des mathématiques. Celle-ci a confirmé leur indépendance initiale à l’égard de l’intuition sensible, même pure : l’espace euclidien n’est que l’un des espaces possibles, à côté d’espaces « courbes », voire n-dimensionnels. Par ailleurs, les a priori kantiens avaient le même statut logique que les « vérités éternelles » de l’ancienne métaphysique : or la pratique de l’expérimentation physique les a remis en question – y compris le déterminisme – et réduits au statut d’hypothèses contestables.

b. L’empirisme logique du Cercle de Vienne conserve du criticisme l’idée que seul le rapport à l’expérience – assuré par les « énoncés protocolaires » – permet d’établir une vérité scientifique, à condition, comme y insiste aussi Bachelard, que cette expérience soit elle-même le fruit d’une élaboration théorique. Le vérificationnisme de Carnap fait de ce rapport le critère de démarcation entre la science et la non-science (= tout discours dont les propositions qui, comme Kant l’avait reproché à la métaphysique, ne peuvent être ainsi vérifiées).

c. Le vérificationnisme est contestable : du fait qu’elle est déduite de la théorie, l’expérience ne peut attester la vérité de celle-ci, parce que – Aristote l’avait vu (Physique II, 9) – le vrai peut toujours être déduit du faux. L’expérience ne fait connaître la vérité que lorsqu’elle réfute une hypothèse déduite d’une théorie. C’est donc la testabilité, et non la vérifiabilité, qui démarque, selon Popper, la science de la non-science, et la science qui a recours à l’expérience ne peut procurer que des certitudes négatives.

 

 

III. Comment savoir ce qu’est la science ?

 

A. L’impossible démarcation.

a. La définition de la vérité scientifique par la testabilité n’est pas elle-même une proposition testable. C’est pourquoi le Cercle de Vienne a fini par y voir une simple recommandation – que, pour autant, personne n’est obligé de suivre. Si en effet la démarcation se présente comme l’objet d’un savoir, elle contredit sa propre définition de la vérité. Mais il est dès lors certain qu’on ne peut absolument pas savoir que la vérité scientifique se limite aux propositions testables selon les normes posées par l’empirisme logique. D’où l’on devrait inférer que, si les mathématiques et les sciences naturelles savent quelque chose, cela ne dit rien quant à la possibilité de savoir autre chose et autrement.

b. On peut en dire autant des thèses scientistes de Kant qui récusent la possibilité d’une connaissance métaphysique théorique, au motif que celle-ci ne pourrait procéder ni comme les mathématiques ni comme la physique expérimentale. Ces thèses sont en fait tout aussi métaphysiques que celles qu’elles récusent. Le criticisme voulut répondre à la question même qui a donné naissance à la métaphysique, celle de savoir ce qui fait la scientificité des sciences, faute de quoi celle-ci ne serait l’objet que d’une opinion. Mais il s’est enfermé dans une impasse en rendant impossible la constitution d’une science première dépassant les autres, et capable pour autant de rendre compte de sa propre scientificité en même temps que de la leur.

c. Il est aujourd’hui moins possible que jamais de considérer qu’une proposition méta-scientifique – en entendant le concept de science selon sa compréhension et son extension devenues habituelles – ne pourrait être l’objet d’un savoir. Il y a de fortes raisons de penser que ce qui se présente comme une proposition prouvée mathématiquement ou expérimentalement est de nature hypothético-déductive. Mais cette proposition, qui exprime un savoir acquis sur la science, est elle-même catégorique et non pas hypothétique. Ainsi, la méta-science qui permet aux sciences mathématiques ou naturelles d’avoir conscience de leurs propres limites paraît avoir plus et non pas moins qu’elles droit au titre de savoir rationnellement fondé.

 

B. Science et intelligence.

a. Quelles que soient leurs avancées méthodologiques modernes, toutes les sciences continuent de reposer sur la logique, et supposent donc la réfutation méta-scientifique de sa mise en cause sceptique. Une science ne diffère en effet de toutes les formes du savoir empirique que dans la mesure où elle est une connaissance par principes : reposant sur ces derniers, elle ne peut s’assurer de leur vérité de la même façon que ceux-ci lui permettent de s’assurer de celle de ses conclusions. On ne peut guère se contenter de la distinction épistémologique reçue entre sciences formelles et sciences du réel, car elle rend tout à fait équivoque la notion de vérité scientifique. Et dans la mesure où les secondes, dans leur forme contemporaine, reposent sur certaines parties des premières, on peut encore moins se contenter du conventionnalisme axiomatique, qui est incapable d’expliquer en quoi la science se distingue d’une opinion.

b. Certes, comme le scepticisme ne peut aboutir qu’à une renonciation silencieuse au discours, il s’avère aussi inoffensif qu’irréfutable : il revient à reconnaître ne voir aucune raison permettant de poser en principe l’impuis­sance de la raison à connaître mieux que par un simple constat. On peut toutefois tenir pour faux qu’il n’y ait pas de principes susceptibles de fonder les preuves scientifiques : car il ne peut être vrai qu’il n’y a pas de vérité, et toute proposition indéniable de cette sorte – dont la vérité est vérifiée par sa propre négation – constitue une vérité à la fois première et nécessaire, et aucunement une simple postulation à laquelle on pourrait substituer à volonté son opposée.

c. Une telle vérification – de nature dialectique – atteste qu’il n’est pas de connaissance scientifique qui ne repose sur la connaissance de principes intellectuels qui, du fait du caractère immédiat qui l’oppose à la connaissance médiate – discursive – qu’elle rend possible, doit être considérée comme intuitive, mais d’une intuition intellectuelle, et non pas sensible. Rien n’oblige en effet à considérer les principes de la connaissance rationnelle non pas comme les vérités les plus fondamentales sur l’être en tant qu’être, mais comme des préjugés a priori de l’esprit humain, au prétexte que rien d’universel ni de nécessaire ne peut être connu à partir de l’expérience : Kant emprunte cette dernière proposition à l’empirisme sceptique de Hume sans songer à la discuter ; mais comme elle est tirée de l'expérience, elle se contredit elle-même immédiatement, et fait la preuve de ce qu’elle prétend récuser. C’est pourquoi Aristote concluait de ses Seconds Analytiques (II, 19) que toute science repose sur une connaissance non-scientifique mais plus certaine que la science : il dénommait celle-ci soit, de façon quelque peu paradoxale et équivoque : science non-démonstrative ; soit, de façon plus cohérente : intelligence des principes premiers (Éthique à Nicomaque, VI, 6).

 

C. Qu’y a-t-il de certain dans les sciences ?

a. Il est incontestable que, dans leur réalité effective, les sciences comportent des postulations dont elles ne peuvent se passer pour prouver leurs conclusions. On peut donc considérer que la nécessité des propositions qu’elles établissent est à la mesure de celle des principes qui les fondent. C’est notoirement le cas en mathématiques, mais la soi-disant « vérité formelle » dont on les crédite peut être considérée comme un cas particulier de l’adaequatio rei et intellectus, soit de la conformité entre la pensée exprimée par le discours et la chose sur laquelle ils se prononcent, et qu’il n’y a aucune raison de réduire à une réalité empirique ou matérielle.

b. Cette relativité affecte notamment les théories des sciences expérimentales, soient les systèmes de concepts et de principes élaborés pour permettre la formulation d’hypothèses. Non qu’il soit impossible de rien prouver ni d’acquérir aucune vérité pérenne dans ce domaine : la poussée d’Archimède, la théorie pascalienne de la pression atmosphérique, ou la preuve de la circulation sanguine par Harvey attestent suffisamment le contraire. Rien n’empêche qu’une explication s’impose comme une vérité nécessaire, lorsqu’aucune hypothèse  ne se montre capable de rivaliser avec elle. Mais c’est ce qui paraît de plus en plus difficile à mesure que l’on s’élève dans l’abstraction théorique, et que l’expérimentation doit recourir à un appareillage technique et à l’interprétation de ses résultats, plutôt qu’à des observations et des mesures directes.

c. Il n’y a donc aucune raison de faire de la vérité scientifique une prérogative des sciences dites « dures », ni de penser qu’une telle vérité ne peut exister là où il n’est pas ou plus possible d’expérimenter ni de calculer. Il est désormais clair que cette dénégation est un préjugé scientiste qui ne vaut pas mieux, du point de vue de l’exigence philosophique de vérité, que ne valut naguère la prétention idéologique du marxisme à s’imposer comme seule et unique « science de l’histoire ». L’erreur du marxisme a été de revendiquer pour lui-même la certitude absolue des vérités métaphysiques dans un domaine qui n’était pas le leur – ce qui est parfois le cas, encore aujourd’hui, de théories telles que le darwinisme, ou le réductionnisme biologique, notamment dans les neurosciences. Cette contradiction ne signifie aucunement l’impossibilité de telles vérités méta-scientifiques, sans lesquelles les sciences seraient dépourvues de toute crédibilité, mais seulement que la connaissance des premières relèvent de méthodes rationnelles autres que celles des secondes.

 

Conclusion 

          On pourrait pasticher Heidegger en déclarant que la question de l’essence de la science n’a rien de scientifique. Pourtant, il paraît douteux qu’il puisse y avoir science de quoi que ce soit sans qu’on sache aussi ce que c’est que d’en avoir la science, quels sont les moyens de ce type de savoir, et jusqu’à quel point ils le permettent, c’est-à-dire autorisent l’assurance avec laquelle on les professe et la certitude qu’on en retire. Or il paraît tout aussi clair qu’un tel savoir ne peut que relever de la même rationalité que la science, et, à ce titre, être lui-même une science, voire une science plus certaine que les autres, parce qu’elle formule à leur sujet des vérités rationnellement fondées, mais sans se heurter aux limites inhérentes à la production des autres vérités scientifiques. Elle ne les invalide pas, puisqu’elle se fonde au contraire sur la reconnaissance de leur existence et de leur validité, afin de réfléchir aux conditions de celle-ci. Mais, sachant ce qu’est la science, elle donne à savoir que la science n’est pas la seule forme possible de savoir, ni même, plus généralement, de connaissance.

 

Michel Nodé-Langlois