Kant - antinomie

Antinomies 1

 

2021

230 p

Emmanuel Kant passe pour avoir mis hors-jeu, en philosophie, non pas la métaphysique, mais la manière « précritique » de la pratiquer. Celle-ci se caractérisait d’une part, en termes kantiens, par un « réalisme transcendantal » qui créditait la raison humaine d’une capacité d’échapper à l’opinion en produisant une science de ce qui est, et même une science de l’être en tant qu’être, selon la fameuse formule d’Aristote. Les métaphysiciens héritiers de ce dernier jugeaient comme lui que ladite science donnait les moyens de produire des conclusions rationnelles vraies sur ce qui n’est pas objet d’expérience sensible, notamment la Divinité, ainsi que l’âme et la liberté humaines.

Kant a vu dans cette double prétention une « apparence transcendantale », soit une illusion de la « raison pure » quant à son propre pouvoir de connaître. Sa dénonciation repose notamment sur la mise en évidence que la raison livrée à elle-même, sans le secours de l’expérience, est inévitablement exposée à une « antinomie », soit à la production de conclusions mutuellement incompatibles, dont la contradiction, attestée par le conflit des systèmes philosophiques, doit apparaître comme une réfutation de la méthode qui y conduit.

Que la raison doive reconnaître d’elle-même qu’elle est capable de démontrer une chose et son contraire peut toutefois apparaître comme un suicide de la raison – celui-là même auquel tendaient les Sophistes – plutôt que de la métaphysique.

                     Il importe donc à tout usage de la raison, y compris ceux que l’on tient pour scientifiques, de savoir s’il y a effectivement ou non une « antinomie de la raison pure ».

 

 

Article de Guilhem Golfin dans le n° 156 de la revue Catholica (avec l'aimable autorisation de M. Bernard Dumont, directeur de la revue) :

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