Une affaire genre Lyssenko ?

     Il n’est pas impossible que l’invasion, jusque dans les programmes scolaires français, de la théorie du Gender – plus exactement, de la prétention à faire passer les Gender studies pour une théorie scientifiquement accréditée – connaisse les mêmes suites que, naguère, « l’affaire » dont le nom reste associé à celui du biologiste chargé par le pouvoir soviétique d’enseigner que les lois de l’hérédité découvertes par Mendel étaient erronées : elles étaient à rejeter comme « bourgeoises », parce qu’incompatibles avec le dogme marxiste-léniniste, dont l’obscurantisme anti-scientifique fut ainsi rendu un peu plus évident. Comme l’avait dit Lénine : « Les faits sont têtus »…

     Si poussées qu’elles soient, les Gender studies n’ont pas encore pu effacer le fait que le sexe est une différenciation naturelle intra-spécifique, qui distingue le mode de perpétuation de certaines espèces vivantes de la reproduction asexuée de certaines autres. Lesdites études n’ont pas pu non plus effacer le fait que la sexuation est originaire dans la genèse de tout individu d’une espèce sexuée, puisque c’est dès la fécondation qu’est constitué le caryotype personnel qui détermine, entre autres, son caractère mâle ou femelle – selon qu’il est porteur ou non, en ce qui concerne l’espèce humaine, du fameux chromosome Y. Il est à cet égard purement et simplement faux que la genèse d’un humain comporte un stade initial d’indif­féren­cia­tion eu égard aux caractères naturels de masculinité et de féminité.

     Le caractère idéologique plutôt que scientifique de la soi-disant théorie du Gender se manifeste clairement dans la montée en épingle des anomalies génétiques, qui contribuent effectivement à rendre douteuse l’appartenance de certains individus à tel sexe plutôt qu’à l’autre. Car on sait depuis Aristote que la nature physique, à la différence des abstractions mathématiques, comporte des exceptions, mais celles-ci n’y font, comme on dit, que confirmer la règle à laquelle elles sont relatives, et qui est rendue connaissable par ce qui se produit, comme il dit, « toujours ou le plus souvent » dans la nature. Chercher dans l’exception le principe de la règle – alors que seule celle-ci, lorsqu’elle est connue, permet de comprendre celle-là – est une insulte à l’intelligence et à la science.

     Que l’éducation et l’histoire personnelle puissent rendre douteuse à un individu son appartenance naturelle à l’un ou l’autre sexe est aussi un fait, qui indique que la sexualité humaine ne peut pas être seulement l’objet d’un constat biologique, mais l’est toujours aussi d’une culture qui relève de l’éthique, dont le problème général est depuis toujours, et de part en part, la question du bon usage par les hommes de la nature en général et de leur propre nature. Peut-être parce qu’aujourd’hui l’écologie nous rappelle instamment notre responsabilité à l’égard le première, et l’impossibilité d’en user de manière à la fois profitable et arbitraire, l’idéologie du Gender cherche à en excepter l’usage humain de la sexualité en faisant oublier que le sexe est une différence à la fois naturelle et relationnelle, afin de persuader les enfants des écoles que tout un chacun n’est, sexuellement parlant, que ce qu’il veut devenir.

 

Michel Nodé-Langlois

Le 8 août 2011